Pourquoi pratiquer la spéléologie ?
Pour découvrir les merveilles du monde souterrain.
Les grottes et les cavernes sont bien souvent chargées de mystère: abris néolithiques, lieux sacrés, cathédrales minérales. Leurs secrets ont une double origine. Il faut tout d'abord des roches calcaires pour développer des phénomènes karstiques. D'origine lointaine de ces roches résulte de accumulation au fond d'un océan primitif de bancs épais de débris de coquillages, de coraux et de restes fossiles riches en carbonate de calcium. La province yougoslave du Karst est à ce point représentative des phénomènes liés à évolution des massifs calcaires et des grottes que son nom est devenu une appellation mondiale pour ce milieu physique particulier. Les roches sédimentaires calcaires se sont formées principalement pendant le secondaire. Il faut ensuite de eau pour sculpter le rocher. Très peu soluble dans eau pure, le carbonate de calcium (CaCO3) des roches calcaires présente cependant bien peu de résistance aux acides. Lors de son trajet dans atmosphère et dans le sol, eau de pluie se charge de dioxyde de carbone (CO2) pour former de acide carbonique (H2CO3). C'est la corrosion des roches calcaires par eau acide qui est principalement responsable de la formation des grottes. Les dépôts de roches calcaires ne sont pas homogènes et les minces bancs de sable ou d'argile forment des joints de stratification qui s'intercalent entre les épaisses strates calcaires. La variation dans la sédimentation provient des soubresauts géologiques qui modifièrent bien souvent les conditions des dépôts marins. Ces zones de faiblesse horizontales qui suivent les strates sont recoupées perpendiculairement par des diaclases qui se sont formées par les contraintes subies lors des plissements ou des déformations de la roche sous son propre poids. On a longtemps cru que les grottes se formaient par action de dissolution des eaux d'infiltration dans les réseaux de fissures. Ce phénomène existe, mais il reste secondaire. Les eaux d'infiltration arrêtées par une couche imperméable forment une nappé aquifère dont le contact permanent avec la roche permettra la dissolution de plusieurs tonnes de calcaire par jour. Les grottes se forment donc dans des profondes zones noyées, du bas vers le haut, contrairement à ce que on a longtemps pensé. La variation du niveau de la nappe au hasard des perturbations géologiques permettra la création de réseaux de labyrinthes superposés. Les espaces que eau a creusés, elle peut ensuite les remplir à nouveau. Les galeries abandonnées par eau deviennent souvent le royaume des cristaux. Stalactites descendant du plafond et stalagmites surgissant du sol peuplent les grottes d'un monde étrange où imagination de homme découvre un univers de personnages et de sculptures. Les réactions fort complexes qui accompagnent la formation de cristaux au départ de eau d'infiltration aboutissent à une étonnante diversité de formations. Les draperies, les stalactites, les gours ou bassins se teintent de rouge par oxyde de fer, de noir par les oxydes de manganèse ou se parent de reflets bleus grâce aux sels de zinc. La calcite peut donner des concrétions immaculées en "dents de cochon" et la frêle aragonite, un buisson de fils cristallins scintillants. Les "excentriques" portent bien leur nom: ces concrétions filent en tout sens sur des parois lisses ou sur des stalactites, comme des tire bouchons insensibles, semble-t-il, aux lois de la pesanteur et de la logique. Les "dragées du diable" que on nomme maintenant "perles des cavernes" sont des concrétions sphériques toujours formées sous eau et maintenues indépendantes du fond rocheux par de légers mouvement du milieu aquatique. On trouve en leur centre une petite coquille d'escargot, un petit os ou un élément minéral qui va servir à leur naissance. Les formes de vie extravagantes et variées qui peuplent les grottes sont difficiles à observer, le petit monde farouche du royaume souterrain craint en général la lumière, la chaleur et le bruit. Parmi les mammifères, les chauves-souris sont particulièrement bien représentées. Quelques hirondelles communes et des Salanganes dont les restaurateurs chinois apprécient particulièrement les nids pour la soupe, nichent et se reproduisent dans des grottes. Les reptiles n'aiment pas le milieu obscur, froid et humide du monde des ténèbres, on ne rencontre que quelques serpents amateurs de chauves-souris et des lézards, que dans les grottes d'Asie. Les poissons sont un peu mieux représentés, par quelques espèces le plus souvent aveugles et dépigmentées. Les insectes sont bien sur largement présents, comme dans tous les autres biotopes terrestres. On rencontre aussi sous terre des algues, des champignons, et des bactéries, de petite taille peut-être, mais de grande importance pour équilibre écologique du monde souterrain. Le domaine cavernicole, qui dans notre pays représente des millions de mètres cubes de cavités, souvent encore inexplorées, nous met bien en garde contre nous-mêmes: les pollutions diverses commencent à y être durement ressenties. Même sous terre le milieu naturel est altéré par nos activités industrielles et agricoles.
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